Cultiver l'Espérance...
«L'espérance n'est pas la conviction que
quelque chose réussira,
c'est la certitude que quelque chose a du sens,
quel que soit le cours des évènements.»
Vaclav Havel
Il existe de nombreux points de vue concernant l'espérance. Certains pensent qu'espérer c'est se bercer d'illusions, c'est se préparer à connaître la déception quand ce qu'on espère ne se réalise pas.
Il est possible de concevoir l'espérance tout autrement: espérer, c'est aussi «créer un espace pour que ce qui peut advenir naisse». C'est dire oui à ce qui peut émerger, c'est rester ouvert et disponible à l'avenir. C'est surtout se désencombrer des «peut-être», «pas tout de suite», «pas tout à fait». C'est lâcher prise de ce que l'on croit savoir, c'est éviter d'être enfermé dans ses certitudes. C'est choisir de dire: «pourquoi pas?»
Espérer, c'est voir une issue là où elle n'existe pas encore, c'est croire à la lumière lorsque les ténèbres sont encore là. Espérer ne dispense certes pas de faire des efforts, car il faut avancer sur le chemin à parcourir. Simplement, l'espérance permet d'attendre, elle invite, elle soutient la vie. Elle est en fait une nécessité. Le cardiologue David Sobel affirme au terme de ses recherches:
«L'absence d'espérance augmente la mortalité
de toutes les maladies»
De grands chercheurs et philosophes ont avancé des éléments importants concernant la nécessité d'espérer.
Pour Gabriel Marcel, l'espérance n'est pas d'abord intéressée par le «comment» mais repose sur la conviction qu'il doit y avoir une issue. Pour lui, l'espérance ne crée pas mais elle libère les pouvoirs créatifs.
Bruno Bettelheim, un grand psychiatre ayant connu l'horreur des camps de concentration, a notamment écrit:
«Les prisonniers qui se mirent à croire ce que leur disaient les gardiens, qu'il n'y avait pas d'espoir pour eux, qu'ils ne sortiraient jamais du camp, commencèrent à ressentir qu'ils n'avaient aucune influence possible sur leur environnement. Ces prisonniers devinrent littéralement des morts-vivants.»
L'important consiste à se désencombrer de ses certitudes, des connaissances, des catégorisations, d'être prêt à chaque instant à percevoir la petite prise qui ouvre le passage.
Au terme de ces pages sur le désencombrement, nous aimerions vous proposer en guise d'exercice de prendre conscience de tout ce qui vous empêche d'avancer et d'espérer. Chaque fois que vous aurez envie de dire: «C'est impossible… ça ne sert à rien… jamais il ou elle ne changera…», prenez une profonde inspiration, pensez à la dimension de l'espérance, puis relisez ce beau texte de Christiane Singer:
«Nous sommes enfermés dans une prison
et une voix nous dit: - Sors!
Nous répondons: - Impossible, la porte est verrouillée!
Et la voix nous dit: - Oui, mais elle est verrouillée de l'intérieur, regarde et ouvre!»
(Extrait du livre «Se désencombrer de l'inutile»
de Rosette Poletti et Barbara Dobbs, Editions Jouvence)